Vierges mutilées, Jésus décapité…

Suite des coutumes de deuil.

Du XIXème siècle jusque récemment, les familles gardaient une statue de la Vierge Marie chez eux. En cire ou en biscuit.

Mais en cas de mort dans la famille, à la guerre, en mer ou autrement, une main de la statue était volontairement brisée. Lorsqu’une Vierge a les deux mains brisées, deux morts avaient eu lieu.

Dans le cas d’un enfant, c’est l’enfant Jésus de la statue qui était décapité. Si l’enfant Jésus avait les bras ouvert, ce sont parfois ses mains qui étaient tranchées. Mais dans ce cas, uniquement pour des morts d’enfant(s).

Nous pensons toutefois que ce rituel, similaire aux mutilations d’objets dans les tombes et d’offrandes aux dieux, pourrait avoir un sens précis. Demander à l’Enfant Jésus d’accueillir le petit défunt et le conduire au Paradis.

Il est également possible d’y voir un rituel de protection pour l’enfant: au chapitre II, Qn 1,  XVI  du Malleus Maleficarum, le Marteau des Sorcières, les auteurs décrivent un usage inattendu de la mutilation d’une statue du Christ:

« qui ne veut ne pas être blessé à la tête par un coup ou une arme, doit enlever la tête de l’image : pour protéger son cou, il doit enlever le cou ; pour le bras, il enlève ou brise le bras et ainsi de suite, parfois jusqu’à la ceinture et parfois totalement. Et c’est la raison pour laquelle sur dix statues placées dans les carrefours et les champs il en reste à peine une qui soit entière. D’autres se procurent l’invulnérabilité en emportant ces membres brisés ou parfois en prononçant des mots sacrés et même inconnus »

Retirer la tête de l’enfant Jésus pourrait donc être un acte de protection pour les enfants.

Quant à la Vierge aux mains coupées, elle évoque sainte Brigitte (Perchta) et le conte de Grimm: la Fille aux mains coupées. Nous explorons cette voie.

Le Surnatéum possède quelques-unes de ces anciennes statuettes.

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22/06/19