Catoptromancie

La catoptromancie (du grec ancien κάτοπτρον / kátoptron (« miroir ») et μαντεία / manteía (« divination »)) est la divination d’après les figures apparaissant dans un miroir.

Cette méthode de divination a été fréquemment employée sous diverses formes depuis la plus haute antiquité sur des miroirs en métal poli : cuivre, bronze, fer, argent ou or. On en retrouve des traces en Chaldée et en Mésopotamie. Bien évidemment la surface de l’eau ou de toute autre surface réfléchissante faisait aussi l’affaire.

Les manches en ivoire des couteaux et les coquilles d’oeufs s’utilisaient également, ainsi que plus tardivement, les boules de cristal

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Traditionnellement, ce sont des enfants vierges, ensorcelés (ou probablement drogués) qui effectuent la divination en compagnie du magicien. Ce qui n’est pas toujours sans risque..

https://fr.wikipedia.org/wiki/Catoptromancie

https://ia802609.us.archive.org/30/items/MN40012ucmf_0/MN40012ucmf_0.pdf

Toutefois, dans son ouvrage : La Catoptromancie grecque et ses Dérivés, Delatte écrit à plusieurs reprises une forme particulière de divination utilisant une patène (ou un plat à offrandes  comme celui de 1613 qui illustre ce texte).

–          Comment certains prêtres produisent de telles apparitions dans la sainte patène. — Il est arrivé que certains prêtres ont été tellement amateurs de pareilles visions qu’ils ont pris la sainte patène sur laquelle on fait vivre et agir Dieu pendant la messe, y ont fait regarder de jeunes enfants et ont eu la conviction que seuls les saints anges pouvaient y apparaître et non un démon. Ceux-là ont commis une grande faute; car qui manie ou emploie les objets sacrés et bénits pour d’autres buts que ceux qu’a ordonnés la sainte Eglise, pèche gravement ; et c’est une superstition, car il mésuse de l’ordre de Dieu. En outre, tu dois croire que ce ne sont pas les objets sacrés qui chassent le diable, mais la foi et la prière pure des chrétiens qui chassent tout esprit mauvais et les spectres du démon…

–          Il mentionne encore deux autres instruments de la catoptromancie : l’épée et le vase de métal brillant. Le vase ou plutôt le plateau est la sainte patène, et ce sont des prêtres qui s’en servent. Le choix d’un vase sacré est dicté par le désir d’obtenir des visions angéliques et d’écarter toute intervention diabolique. Hartlieb raille cette présomption. La notice de Jean de Salisbury et la plainte de Jean XXII nous avaient déjà permis d’apprécier les ravages exercés dans le clergé par la pratique des arts magiques ; mais le sacrilège que mentionne Hartlieb dépasse tout ce qu’on peut imaginer……

–          après avoir invoqué le corps du Christ, la Sainte-Ecriture, le Sacrement, la sainte Trinité, etc., il faisait apparaître un ange blanc qui désignait le voleur……

–          Un prêtre doit dire trois messes, le miroir présent, réciter l’Evangile selon Saint Jean et adresser à Dieu une prière pour obtenir la faveur de voir dans le miroir toutes choses cachées. Le consultant doit être pur et vêtu d’habits propres ; il récite le Pater, le Credo, le Veni Creator et conjure le miroir au nom de la Sainte Trinité. Tout élément magique paraît avoir été soigneusement banni de cette recette, qui puise sa vertu uniquement dans les formulés et les rites de la religion chrétienne.

La présence de l’Archange (Gabriel, messager de Dieu, et de l’Etoile (Vénus)) garantissent la pureté de la vision. Ce sont donc les anges et non les démons qui répondent aux questions.

Ce plat ancien est donc l’objet parfait pour cette forme de divination.

Delatte cite aussi “”Buch aller verbotenen Kunst und der Zauberei (ouvrage composé pour Jean l’Alchimiste, fils aîné de Frédéric II par Hartlieb en 1456. Dans ce chapitre, la pyromancie (divination par la flamme) et la catoptromancie sont comparées. Ce qui est logique puisqu’il faut la lumière de bougies pour pratiquer la divination par les reflets…

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Le théosophe Jakob Böhme (Jacob Boehme) eut plusieurs illuminations en consultant des pots (plats) d’étain.

Ce n’est pas sans rappeler le Miroir de Galadriel dans “Lord of the Rings”.

A titre d’exemple, un miroir étrusque tout simple dans les collections du Surnatéum.

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La catoptromancie est universelle. On la retrouve aussi bien au Tibet (voir oracles asiatiques)…

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…qu’en Afrique. (voir oracles africains)

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Un autre plat à offrande/plat de Quête du XVIe siècle, figurant la Vierge Marie et l’Enfant Jésus, entourée du Soleil et piétinant la Lune, portant une couronne de 12 étoiles… Le symbole de la Vierge de l’Apocalypse qui combat le Démon. Cette image “garantit que le démon ne peut mentir au travers de la séance de catoptromancie. Une manière d’éviter l’accusation de pactiser avec le démon et de finir sur le bûcher.

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Le grand plat de quête ci-dessous nous semble plus adapté à une hydromancie. La gravure centrale représente le baptême du Christ.

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Ce dernier miroir date de l’époque romaine, vers le IVe siècle de notre ère. Souvent confondu avec un miroir votif, il semblerait que ce soit plutôt une lentille de catoptromancie gallo-romaine, utilisé comme les miroirs magiques. Sauf que la lentille filtrait la lumière de la Pleine Lune (Séléné). L’enfant “drogué” donnait les réponses aux questions posées, par ses visions.

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Petit bronze art nouveau / Jugendstil représentant une jeune fille versant de l’eau dans une mare, rappelant fortement la préparation à une hydromancie, divination par les reflets dans l’eau. (vers 1900)

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06/09/15