16/06/15
Table Parlante, Table Tournante ou Guéridon Spirite
Parmi les collections d’objets spirites du Surnatéum, trône une superbe table tournante. Probablement la seule connue dans son genre*, car si l’on faisait tourner et parler tables, guéridons, chapeaux, paniers et chaises durant la grande période du spiritisme – entre 1848 et 1900, il s’agissait en général d’objets ordinaires.
La communication avec l’au-delà pouvait être laborieuse, 26 coups d’un pied de table indiquant la lettre Z. Toutefois, de riches invocateurs d’esprit comme Mme de Girardin (Delphine Gay), possédaient leur propre instrument de communication avec les défunts. Dans le cas de l’écrivain(e), il s’agissait d’un plateau avec une aiguille mobile.
Sur le dessus de la table sont inscrits trois mots : Moïse, Christ, Spiritisme. Au chapitre 1 des « Evangiles selon le Spiritisme » (1864) se trouvent ces trois mots – Les trois révélations : Moïse ; Christ ; le Spiritisme… – C’est Moïse qui a ouvert la voie ; Jésus a continué l’œuvre ; le spiritisme l’achèvera. (UN ESPRIT ISRAELITE. Mulhouse, 1861.) – le texte se retrouve effectivement publié dans une édition de la Revue Spirite, antérieure au livre: Mars 1861: Enseignements et dissertations spirites. Ce qui va nous permettre d’émettre deux hypothèses. Mais analysons d’abord les faits.
– La Table qui comporte un alphabet divisé en 3 colonnes, et une numérotation est un instrument qui ne peut avoir été fabriqué avant 1861 (mais bien avant 1864). La table a été trouvée au Marché aux Antiquités/ Brocante de Tongres (Limbourg) Entre Liège et Anvers.
– Le style de ce meuble est Napoléon III, qui change après 1871. Mais laissons quelques années supplémentaires, et fixons 1875. De toute façon, après cette date, d’autres instruments plus pratiques pour la communication spirite seront créés. L’écriture automatique remplace les tables progressivement.
– On peut donc situer la fabrication de cette table entre 1861 et 1875.
– Il est notoire qu’elle sert à pratiquer un spiritisme « Kardéciste » (selon Allan Kardec).
– Allan Kardec meurt le 31 mars 1869.
A partir de là, nous émettons deux hypothèses :
– La table a été fabriquée en 1869, après la mort d’Allan Kardec, pour communiquer avec lui au-delà de la mort.
– La table a été fabriquée pour Allan Kardec (ou pour un groupe de spirites kardécistes), lui permettant une meilleure communication avec les esprits. Elle a continué à être utilisée après sa mort pour la raison évoquée précédemment. Un objet entièrement sculpté en rond-bosse, devait coûter pas mal d’argent, il esqt logique de penser à de riches bourgeois ou noblesse fortunée.
– Il est pour l’instant impossible de choisir quelle option est la bonne, mais l’enquête continue: Il va falloir éplucher des centaines de textes, à commencer par ceux d’Allan Kardec.
Certaines marques sur le guéridon nous laissent également supposer que des trucages ont été utilisés postérieurement à sa création, pour la faire parler même si aucun esprit n’était présent…
Il est vraisemblable que la table fonctionne comme suit.
– Le plateau supérieur tourne dans le sens des aiguilles d’une montre: la réponse est OUI.
– Dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, la réponse est NON.
– Pour les lettres (ou les chiffres) le pied situé sous une colonne de lettres frappe de 1 à 9 fois pour indiquer la lettre correspondante dans cette même colonne. Cela évite de taper 26 fois du pied pour annoncer la lettre Z.
Le reste se consulte au Surnatéum.
*Hyppolite Léon Denizard Rivail https://fr.wikipedia.org/wiki/Allan_Kardec
http://mysteriousplanchette.blogspot.be/2014/08/brussels-artifacts-christian-chelmans.html
Merci Stéphane pour ce qui suit. (Suite de l’enquête, le mystère est résolu)
REVUE SPIRITE JOURNAL D’ÉTUDES PSYCHOLOGIQUES __________________________________________________________________ 7° ANNÉE. N° 10. OCTOBRE 1864.
Spirite 1864 (7ème année) Allan Kardec – pp.309-310
Le groupe Amour et charité [Änvers:NDA], par exemple, a pour but spécial la charité matérielle, sans préjudice des instructions des Esprits, qui sont en quelque sorte la partie accessoire. Son organisation est très simple et donne d’excellents résultats. L’un des membres a le titre d’aumônier, nom qui répond parfaitement à ses fonctions de distributeur des secours à domicile, et souvent les Esprits ont indiqué avec noms et adresses les personnes auxquelles ils étaient nécessaires. Le nom d’aumônier est ainsi ramené à sa signification primitive, dont il a été singulièrement détourné.
Ce groupe possède un médium typtologue exceptionnel dont nous croyons devoir faire ci-après l’objet d’un article spécial.
Typtologie rapide et inverse.
Nous avons dit qu’un des groupes spirites d’Anvers possède un médium typtologue doué d’une faculté spéciale. Voici en quoi elle consiste. L’indication des lettres se fait au moyen des coups frappés par le pied d’un guéridon, mais avec une rapidité qui atteint presque celle de l’écriture, et telle que ceux qui les inscrivent ont parfois de la peine à suivre ; les coups se succèdent comme ceux du télégraphe électrique en action. Vous avons vu faire une dictée de vingt lignes en moins de quinze minutes. Mais ce qui est surtout particulier, c’est que l’Esprit dicte presque toujours à rebours en commençant par la dernière lettre. Le médium obtient par le même moyen des réponses à des questions mentales, et dans des langues qui lui sont étrangères. Ce médium est aussi psychographe, et, dans ce cas, il écrit également à rebours avec la même facilité. La première fois que le phénomène s’est produit, les assistants, ne trouvant aucun sens aux lettres recueillies, crurent à une mystification ; ce n’est qu’après une observation attentive qu’ils découvrirent le système employé par l’Esprit. Ce n’est sans doute qu’une fantaisie de la part de ce dernier, mais comme toutes ses communications sont très sérieuses, il en faut conclure qu’il y a dans le fait une intention sérieuse. Indépendamment de la rapidité avec laquelle les coups se succèdent, la manière de procéder abrège encore de beaucoup l’opération. On se sert d’un guéridon à trois pieds ; l’alphabet est divisé en trois séries : la 1re de a à h, la 2e de i à p, la 3e de q à z. Chaque pied du guéridon correspond à une série de lettres, et frappe le nombre de coups nécessaires pour désigner la lettre voulue en commençant par la première de la série ; de sorte que pour indiquer le t, par exemple, au lieu de 20 coups, le pied chargé de la 3e série n’en frappe que 4. Trois personnes se placent au guéridon, une pour chaque pied énonçant la lettre indiquée dans sa série qui est pour elle un petit alphabet, sans qu’elle ait à se préoccuper des autres. Plusieurs personnes inscrivent les lettres à mesure qu’elles sont appelées, afin de pouvoir contrôler en cas d’erreur. L’habitude de lire à rebours leur permet souvent de deviner la fin d’un mot ou d’une phrase commencée, comme on le fait par le procédé ordinaire ; l’Esprit confirme s’il y a lieu la supposition, et passe outre. Cette division des lettres, jointe à la coopération de trois personnes qui ne peuvent s’entendre, à la rapidité du mouvement, et à l’indication des lettres en sens inverse, rend la fraude matériellement impossible, ainsi que la reproduction de la pensée individuelle. Le mot reproduction, par exemple, sera donc écrit de cette manière : NOITCUDORPER, et aura été épelé par trois personnes différentes en quelques secondes, savoir : noi par la 2e , t par la 3e ; c par la 1re ; u par la 3e ; d par la 1re ; o par la 2e ; r par la 3e ; p par la 2e ; e par la 1re ; r par la 3e . De tous les appareils imaginés pour constater l’indépendance de la pensée du médium, il n’en est aucun qui vaille ce procédé. Il est vrai qu’il faut pour cela l’influence d’un médium spécial, car les deux personnes qui l’assistent ne sont pour rien dans la rapidité du mouvement. Ce procédé n’a en définitive d’utilité réelle que pour la conviction de certaines personnes, et comme constatation d’un phénomène médianimique remarquable, car rien ne peut suppléer à la facilité des communications écrites.
Cet article prouve qu’Allan Kardec a utilisé la table. Toutefois, il commet une petite erreur sur les 3 alphabets (Il dit A–H, I-P, Q-Z, mais dans ce cas les alphabets ne sont pas équilibrés. 8 lettres, 8 lettres et 10 lettres. La table est marquée: A-I, J-R, S-Z, ce qui donne 9-9-8 lettres) Sa mémoire lui a joué un tour.
Kardec visite le cercle spirite d’Anvers en septembre 1864.
Voici le message reçu par Kardec, publié dans la revue spirite de décembre 1864.
Anvers, 1er novembre 1864
(Fin) .ellerutan iol al ed erdro’l snad recalp el ruop lerutanrus te euqitsatnaf erètcarac tuot emsitiripS ua zetô iouqruop tse’c ; noitcefrep al : tub emêm el snoviusruop suon ,strom suon te stnaviv suov euq tnemelanif ,eguj niarevuos ua etpmoc udner àjéd snova suon tnod noissim enu erviusruop ed ueiD rap ségrahc te sproc el emmon no’uq ertserret eppolevne ertov snad sénnosirpme erid-à-tse’c ,sénracni stirpsE ,suoV .stirpsE suot semmos suon euq elpmis trof noisulcnoc al à ehcuot no ,emâ’l ed étilatrommi’l ed étatsnoc tiaf el rap ,ro ; enirt-cod ettec reruotne à tîalp es no tnod erbmos siofrap te xuellievrem egitserp el eriurtéd à tnemennosiar elpmis el rap evirra no ,ertua’l snas nu’l retejer uo erttemda tiaruas en no’uq ,sepicnirp xued sec ed tnatrap nE .emâ’l ed étilatrommi’l te ueiD nu’d ecnetsixe’l : sétirév sednarg xued dnerppa suov emsitiripS eL (Commencement).
(Fin). étirahc ed etca nu’d eéngapmocca erèirp ennob enu (trépassés) idercrem ruop te ,port sap zeugitaf suov en : noitadnammocer erèinred enu ,ritrap ed tnavA (Commencement).
.riover uA
Nous donnons ci-dessus un curieux échantillon de l’écriture typtologique inverse dont nous avons parlé dans le numéro d’octobre dernier, page 309. On remarquera que ce ne sont pas seulement les mots qui sont dictés à rebours, mais les paragraphes entiers ; de sorte qu’il faut commencer par la dernière lettre de chaque paragraphe.
*Kardec décrit en 1868 l’existence d’une autre table fonctionnant de manière similaire pour le groupe de spirites de Cadix (Revue Spirite). La table aurait été fabriquée en 1853.
https://fr.scribd.com/document/112360079/Le-spiritisme-en-Belgique-1848-1914
Le médium en question devait être Prosper Eyben, médium du groupe Amour et Charité, dont le siège se trouvait 6 rue de la Santé à Anvers. Il édita la revue spirite d’Anvers durant l’année 1864. La table devait être la sienne, et il fit une démonstration magistrale à Alan Kardec lors de sa visite en 1864.
Enfin, last but not least: le Cercle Spirite Amour et Charité d’Anvers fut fondé par Constant Gevers, l’oncle de Marie Gevers – écrivain(e) belge, qui décrit la table (ou un principe similaire) p.34-39 dans son livre Paravérités (publié par SODI en 1968) ainsi que dans Ceux qui reviennent (1922- Editions de la Renaissance d’Occident) Marie Gevers cite sa tante Tilla, sœur de son père, venant avec un guéridon pratiquer le spiritisme. La méthode utilisée est identique à celle du guéridon du Cercle Spirite Amour et Charité. Donc, même s’il ne s’agit pas du même objet, la filiation entre les deux guéridons est évidente.
16/06/15