Faucille contre les malemorts

En 2006, un ami polonais a ramené une lame de faux trouvée dans une tombe des environs de Torzym (Pologne). Je commençais tout doucement à enrichir ma collection vampirique, mais ne mesurais pas encore l’importance de cet objet.

Cette lame était positionnée au-dessus du cou de l’occupant de la tombe. Les restes d’un cadenas accompagnaient la faux. Le cadenas se trouvait près des pieds et devait empêcher le défunt de revenir dans le monde des vivants.

Ce rituel apotropaïque assez original est une défense contre les morts malfaisants et en particulier les vampires. Si le vampire tentait de quitter sa tombe, il se trancherait la gorge.

Pour rappel, le vampire est un fantôme, un revenant en corps, et non un démon. Il s’agissait donc de contrer la résurrection potentielle d’un malemort (enfant mort en bas âge, victime d’un meurtre, sorcier ou sorcière, suicidé…) qui pourrait revenir chez lui et exterminer toute sa famille. Et même tout le village!

Crédits photo : Miroslav Blicharski/Aleksander Poznan

D’autres rituels existent comme l’enterrement face vers le sol, la mutilation des membres inférieurs, le percement du cœur, le placement de pierres ou de morceaux de fer dans la bouche etc.

Ce type d’enterrement vampirique est donc préventif car on suppose que le mort pourrait revenir. Il diffère des rituels d’élimination qui ont lieu un certain temps après l’inhumation, lorsqu’on considère que le mort revient et tue tout le monde. Dans ce cas, le cœur est percé, le corps est décapité et ensuite incinéré. Les cendres seront jetées dans une rivière.

Les lames de faux sont également utilisées dans des rituels de guérison par les gitans et rebouteux/magiciens/sorciers traditionnels des villages.

Voir à ce sujet, la revue CIBA n°6 de 1939.

Nous pensons, suite à des découvertes récentes similaires, que ces objets peuvent provenir plus précisément du village de Pniów dans la province de Lubusz. L’enterrement doit avoir eu lieu au XVIIe ou au commencement du XVIIIe siècle, période associée au début de l’épidémie de peste vampirique. (voir à ce sujet, mon Hypothèse Vampyrique qui détaille l’arrivée du vampire dans nos traditions.

Note: : Marigner écrit l’article « Sur les Stryges de Russie », qui parait dans le Mercure Galant, Février 1694, p. 103, ce texte sera repris par la suite par dom Calmet dans son ouvrage de 1746 (Traité des esprits…) Il s’agit de premières mentions vampiriques en Russie (et Pologne) dans la littérature (Upyrs, Upierz, Oupyrs, Striges, Strigoï, Moroï…)

https://allthatsinteresting.com/pien-vampire-child

https://www.cnews.fr/insolite/2022-09-07/pologne-le-squelette-dune-femme-vampire-avec-une-faucille-sur-le-cou-decouvert

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25/09/23