Divination / Oracles Asiatiques

Collection d’instruments oraculaires asiatiques.

Une partie du cabinet de curiosité à Bruxelles (la Chambre des Oracles) est consacrée aux instruments divinatoires. 

Chine: le Suan Ming (Devin)

1 : Inv.SOD/sc-95014 : Oracle Shang sur plastron de Tortue (carapace de tortue) Les plastrons de tortue oraculaires de la dynastie Shang offrent les premiers exemples de l’écriture chinoise ossécaille. Ils sont datés d’environ 1300 BCE jusqu’au début de la dynastie Zhou. Ce type de divination s’appelle chéloniomancie. Elle utilisait une forme de pyromancie, la carapace de tortue étant jetée au feu jusqu’à ce que des craquelures apparaissent et donnent la réponse de l’oracle… L’oracle était alors inscrit sur le plastron.

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2 : Inv.SOD/og-39517 : Omoplate gravée Ces « os divinatoires » furent exhumés au XIXe siècle et vendus sur les marchés comme os de Dragon.

3 : Inv.SOD/6979a-b Poe (jiaobei/bwa bei), paire de demi-lune – L’objet porte différents noms en fonction de sa provenance, po-ê (Poe) à Taiwan, Jiâo (Chine du Nord), Kùa ou kaù (Hokkei), Bei… Une paire de “tables de lune” ou “blocs de divination” est taillée dans un morceau de bois (parfois une racine de bambou) en forme de croissant de lune et toujours peinte en rouge (couleur des Dieux et de la félicité, donc de la bonne fortune). Les deux croissants s’ajustent parfaitement. Cette divination est néanmoins plus subtile qu’il ne paraît car une des deux chutes “négatives”, quand les jiaobeis tombent en ballottant sur leur côté arrondi, est considérée comme le rire des Dieux. L’autre chute négative est un refus catégorique. Le lancer des kùas est plutôt vu comme une discussion avec les Dieux que comme un oracle incontournable. Pour une réponse positive acceptée comme oracle, les objets doivent répondre 3X oui en suivant. Le OUI correspond à une chute alternée de face plate et arrondie.

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Ces objets sont parfois utilisés en combinaison avec les baguettes de divination des temples (Kau Cim). Ces traditions se retrouvent dans la plupart des temples bouddhistes de Chine (Taiwan), du Laos, de la Thaïlande. Auquel cas, le tirage d’une baguette doit trouver confirmation avec les kùas.

4: Inv.SOD/mc-34216 : Marionnettes chinoises (vers 1850)

Rares marionnettes chinoises à tiges (Beijing/Tianjin) – le personnage à droite est le Juge Bao Dong/Bao Zheng, celle de gauche est un général.

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Nuoxi Opera

(Wikipédia)

Le nuoxi, ou opéra nuo ou théâtre exorciste chinois est la forme la plus ancienne du théâtre chinois. Le nuo qui signifie « chasser les démons » est un ensemble de rituels qui permettent aux mortels d’entrer en contact avec l’au-delà afin d’apaiser les âmes errantes. Ce théâtre peut être produit grâce au port de masques ou par le biais de marionnette selon le budget (le spectacle de marionnette étant moins onéreux).

Pratiqué pendant les périodes de festivité, le nuoji, première forme du nuo, permettait de gratifier les dieux et les ancêtres, mais aussi de conjurer les maladies et éloigner les démons des communautés humaines. Dès le 16e siècle avant J.-C. on trouve des traces du nuoji sur les jiaguwen (carapaces de tortues). Avec le temps, ces cérémonies prennent de l’importance, jusqu’à être introduites à la cour royale durant la dynastie des Zhou  (1046–256 av. J-C). L’investissement dans ces rites a pris une telle ampleur qu’il a été petit à petit transposé au théâtre durant la dynastie des Tang (618-907). Apparait alors une séparation entre le nuoji et théâtre nuo qui se développe dans les grandes villes autour des années 1930. Cependant, avec l’arrivée au pouvoir du Parti communiste Chinois, toutes les formes de croyances, de pratiques spirituelles furent interdites. La censure du Parti a provoqué un affaiblissement important du nuo jusqu’à disparaitre dans de nombreux endroits. Il ne redevient célèbre que dans les années 1990. Les deux plus importantes pièces connues à ce jour, You an long et Mulian retourne aux enfers, sont encore jouées de nos jours dans des villages ruraux alors qu’elles ont perdu leur caractère sacré dans les villes où le tourisme est plus important.

Mulian (Marionnettes)

La pièce raconte l’histoire de la mère de Mulian, dame Liu qui, convertie au bouddhisme, fait vœu de ne plus manger de viande ainsi que de piété. Mais, pervertie par son frère ainsi que sa servante, elle se trahit et brise le vœu prononcé. Sur ce, elle est transportée aux enfers par une horde démons. Mulian apprend la nouvelle et décide de la sauver. Sous l’autorisation de Bouddha, il descend aux enfers récupérer sa mère avant qu’elle ne se réincarne en chien, chat ou chèvre selon les différentes versions et la province de Chine dans laquelle se joue la pièce. Puis, par une heureuse et inattendue fin, Mulian réussit sa mission, dame Liu est délivrée de son sort et son frère ainsi que sa servante sont destinés à se réincarner en chien et chat. Cette histoire illustre la notion de la piété filiale et met le personnage de Mulian comme un exemple de compassion.

Ce rituel s’effectue six mois après celui de You anlong, durant la période de la fête des fantômes (15e jour du septième mois lunaire). Elle correspond au passage des enfers à la terre de certains esprits et fantômes de personnes mortes prématurément et refusant de passer dans l’au-delà. Avant de commencer la représentation, les acteurs effectuent un rituel d’offrande et de récits envers les dieux. Ils demandent aux dieux de purifier leur âme et de les protéger lorsqu’ils incarneront leurs rôles. Durant cette célébration réalisée dans la nuit du deuxième au troisième jour, les dieux sont les seuls spectateurs. La nuit est considérée comme le meilleur moment pour établir un contact entre les hommes et les esprits. Musique, de papier-monnaie et lanternes sont offerts aux esprits dans le but d’établir un contact. La pièce peut alors commencer. Au matin du troisième jour, les habitants se réunissent autour de l’espace scénique. Ils apportent les objets de leurs défunts et participent au rituel afin de délivrer leur âme. Pendant la prière des villageois, les premiers instants de la pièce sont joués.

Bouddha, personnage central, délivre l’âme de la mère de Mulian. Cet acte joué sur scène est vécu par les spectateurs. À la fin de la scène, tour à tour les gens du village jettent des morceaux de bois en forme de croissant de lune sur une dalle en pierre jusqu’à ce qu’ils tombent sur des faces contraires, signe de bon augure. C’est alors que Bouddha remet la bannière de l’âme à l’habitant. Les proches, avec la bannière qui symbolise l’âme et les vêtements bourrés de papier-monnaie qui symbolisent le corps, se rendent dans la montagne afin de bruler ces objets. L’incinération permet le passage de ses objets vers l’au-delà. Une fois remis au défunt ils lui apportent le confort (on brule entre autres des maisons en papier ou des voitures). Les proches revenus, la dernière scène de la pièce est jouée, la mère de Mulian est délivrée. Les lanternes installées au début de la pièce sont alors brûlées, les esprits renvoyés.

Note: Le choix de la pièce jouée dépend soit de la demande du prêtre, soit du choix de l’artiste, soit du sort. Dans ce dernier cas, le tirage de la pièce se fait à l’aide du Kau Cim et des Jiaobei.

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5 : Inv.SOD/kc-70397 : Kau CimJeu de Baguettes d’Oracle de Temple. Le conteneur en bambou est secoué jusqu’à ce qu’une tige en bambou émerge et tombe sur le sol. Cette baguette porte un numéro, le responsable du temple consulte alors l’oracle sur papier et l’interprète. On complète la divination par le lancer des jiaobeis.

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6 : Inv.SOD/ic-62732 : Ensemble de pièces contemporaines pour le I-Ching 50 Tiges d’achillée dans un petit vase décoré. Plusieurs sets de 3 pièces, le Yang masculin (Dragon) vaut 3 points, le Yin féminin (Tigre) vaut 2 points.

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–          Un set comporte la coquille de tortue qui permet de lancer les pièces

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–          Un set est composé de trois pièces datant du règne de l’usurpateur Wang Mang (dynastie Xin, 9-23 CE) Ces pièces rares sont réputées comme puissantes amulettes favorisant la naissance de garçons.

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7 : Inv.SOD/cj-7276a-b Pendentifs en Jade représentant Cang Jie, le découvreur mythique de l’écriture chinoise. Il est représenté avec 4 yeux ou 4 pupilles, lui permettant de voir les secrets de la Terre et du Ciel. Cette particularité physique s’appelle Pupula Duplex. Certains dignitaires de l’Histoire chinoise sont affublés de cette étrange particularité.

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Les lunettes ci-dessous (vers 1850) ont appartenu à un devin ayant cette particularité (Cristal de roche fumé et métal). On dit qu’il les portait en présence de l’empereur pour ne pas être ébloui par sa splendeur.

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7 : Shagais : os de patte de mouton (Mongolie) et dés dans une petite boîte en fer blanc. L’osselet peut tomber de 4 manières différentes : le Cheval, Le Chameau, le Mouton, la Chèvre. Le cheval et le mouton sont considérés comme signes positifs, le chameau et la chèvre sont négatifs. Divers objets accompagnent l’ensemble (petit livre bouddhiste, bourse…)

Les dés peuvent aussi participer à l’oracle, en étant jetés trois fois: les nombres impairs sont favorables, les pairs sont défavorables.

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8 : Flèche de divination mongole. (Mongolie – début XXème siècle) Bois, tissus, soie, miroir Toli, plumes de vautour, fragment de peau d’ours. Objet chamanique servant à la divination, les magies blanche et noire, et à la protection contre les mauvais esprits. Le miroir Toli/Melong sert également à la divination. Le Toli date de l’époque Tang (618-907)

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9 : Inv.SOD/ad-17430 Diagramme astrologique Mongol (carton) usage en divination, la créature au sommet de la figure pourrait être la tortue ou Longma – le Cheval Dragon. Au centre de la figure: le Carré de Luo Shu, le plus vieux carré magique de 3 x 3 connu.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Carr%C3%A9_de_Luo_Shu

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10 : Dé de divination MO (Tibet – XVIIème siècle) Les dés oraculaires MO antiques sont très rares, celui-ci présente le Mantra Om Mani Padme Hum. Son usage joue un rôle important dans le cycle des réincarnations et la divination des Tulkus. Le dé est présenté sur un mandala du riz dans lequel est fiché un poignard à démon en os. Les instruments président à la divination (livre bouddhiste, tankas, kangling, kapala de cuivre contenant des ossements humains, thogchak et divers objets tantriques).

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11 : Mala de Yamantaka (XIXe siècle) Le consultant prend le mala dans les deux mains et glisse aléatoirement les pouces entre les perles. Puis rejoint les mains en passant les perles 3 par 3. A la fin, il n’en reste que 3 (Lion des neiges: même si les Dieux vous accompagnent, le résultat de vos actions sera lent. Aucune influence sur les affaires)  – 2 (Corbeau, mauvaise chance) ou 1 (faucon, bonne chance) perle.

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12 : Melong/Miroir d’Oracle (XIXème siècle, métaux divers) Porté sur le torse par le devin lors de sa transe prophétique (avec tout le costume de l’oracle), ce miroir est assez similaire à celui de l’oracle Nechung du Dalai Lama (oracle d’Etat du Tibet). La présence de Chitipati – squelettes dansants, seigneurs des cimetières, une des 75 formes du Mahakala – indique l’aspect tantrique de l’objet. Lors de la transe, le moine regarde le reflet de son miroir dans un autre miroir, et prononce l’oracle.

Au centre du miroir se trouve un Bija, une syllabe-source, HRI le mantra de Peyar Gyalpo (Dorje Drakden chez les Gelupta), l’esprit invoqué lors de la transe.

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02/10/15