Objets Cachés

Les Objets Cachés dans les maisons sont une coutume des XVIe et XVIIe siècles, période de la chasse aux sorcières. Parmi ces ‘Concealed Objects’, les chaussures et les ‘Witch Bottles’ conservent encore une partie de leur mystère. Pourquoi ces objets? Nous tentons aujourd’hui une théorie simple et originale concernant les Chaussures, les Bellarmines et les Chats Momifiés.

        

Chaussure : Protection apotropaïque contre les Empuses, Lamies et Mormo. Empuse signifie ‘Une Jambe’, La sandale est un des attributs de la déesse Hécate (comme les clés, le bandeau, le flambeau…) qui contrôle les créatures de la nuit et les démons. L’empuse n’est qu’une des formes  d’Hécate, elle a soit une seule jambe, soit une jambe de bronze et une patte d’âne. Cela expliquerait également pourquoi on retrouve une chaussure unique et non des paires. La Lamie, associée aux Empuses, boit le sang des enfants et des jeunes hommes. On retrouve le mythe de la sandale dans le texte de la mort d’Empédocle, philosophe grec, qui se jette dans le volcan Etna, la lave rejette une sandale de bronze. Ce mythe lie Empédocle à Hécate. Même chose pour Jason : son oncle a été averti par l’oracle de se méfier d’un homme à, la sandale unique. Jason perd une sandale en traversant une rivière, avant de se présenter devant Pélias. Plus tard, aidé par Aphrodite (souvent associée à Séléné), il charmera Médée en utilisant un IUNX/Jinx, petit rhombe. Séléné est la lune pleine, autre aspect d’Hécate.

Dans les mythologies nordiques, la chaussure unique est l’attribut et l’arme absolue de Vidar, fils d’Odin, qui tuera grâce à elle le loup Fenrir durant le Ragnarök. Cette piste n’est pas à négliger car la chaussure de Vidar est fabriquée à l’aide des fragments de vieilles chaussures usées. On peut donc évoquer une offrande votive.

Sandale du XIIe/XIIIe siècle trouvée dans les restes d’une maison d’époque. Il s’agit donc d’une des plus anciennes offrandes votives ou apotropaïques) connues à ce jour.

(-          Bellarmine/Bartman/Witch Bottle : Bouteille en grès fabriquée à Raeren au XVI/XVIIe siècle. Un visage barbu, confondu avec le cardinal de Bellarmine orne le goulot. Il s’agit probablement d’une représentation du Roi de la Bière, Gambrinus/Gambrivius, esprit bon vivant et, qui dans la légende, trompe le Diable. Comme les Bellarmines se vendaient dans le monde entier, il se peut qu’en Angleterre on ait vu dans le visage du roi, une représentation d’Odin/Wotan, dieu de la Magie. Les bouteilles étaient remplies d’urine, de vin ou d’eau, dans laquelle on plongeait des clous et des aiguilles (le fer est apotropaïque) pour en faire une arme contre les sorciers qui s’introduisaient par la cheminée. On cachait la Bellarmine sous l’âtre. Quand le sorcier arrivait, la bouteille explosait blessant à distance, le sorcier. La première mention de cette superstition se trouve dans l’ouvrage Saducismus Triumphatus de Joseph Glanvill publié dans le Suffolk en 1681.

On suppose également que la “witch bottle” représentait un remède contre des troubles de la vessie ou de la prostate. Et renvoyait le mal au sorcier qui l’avait provoqué.

Les deux “witch bottles” du Surnatéum proviennent de la région du Hampshire (Angleterre), elles furent trouvées dans les années 1960. Les deux bouteilles contenaient un croix “solaire” en fer, ce qui laisse supposer qu’elles furent composées par le même “cunning man”.

Contenu des deux bouteilles.

Nous avons conservé certains éléments dans l’état original avant nettoyage, ils contiennent essentiellement du fer et de l’oxyde de fer (clous, plaques…)

Après nettoyage.

Une troisième witch bottle vient rejoindre les collections du Surnatéum. Celle-ci est une bouteille de vin en verre vert du XVIIe siècle, scellée et contenant environ une dizaine de clous. Son origine précise est inconnue mais il est probable que ce soit du Nottinghamshire ou du Yorkshire en Angleterre.

 

 

          Chat : On trouve dans les murs de certaines maisons datant du XIIe au XVIe siècle, des chats momifiés.  Le chat est traditionnellement associé aux sorcières, ou aux réminiscences du culte à Freya. Dans l’Antiquité, on offrait des repas rituels (petits animaux et oeufs) aux démons. (voir à ce sujet les pièges à démon retrouvés récemment à Sardis – une ancienne cité de l’actuelle Turquie). La Bellarmine et les chats dans les murs semblent être la version du XVI/XVIIe siècle de ces coutumes.

Après moultes recherches, le chat dans le mur semble être un rituel apotropaïque contre les rats et les souris. Le rat arrive en Europe vers le IVe siècle CE, avec les invasions de Huns. Le chat sera importé d’Egypte et de Grèce ensuite, pour combattre ce fléau (bien qu’il fut déjà connu à l’époque tout comme le rat et les souris, évidemment). On trouve des chats emmurés, au moins depuis le XIIIe siècle, avant les chasses aux sorcières. Certains de ces chats sont emmurés avec des souris et des rats, souvent étranglés et mis en scène avec un rat dans la gueule. D’après Pausanias, on sacrifiait des chattes noires à la déesse Hécate, ce qui permet de supposer que le chat est également apotropaïque, et éloigne démons et spectres malfaisants..

La première grande épidémie de peste en Europe, est la peste de Justinien au VIe siècle. Le chat, en tuant les rats, élimine un des principaux vecteurs de la peste.

Notons toutefois que les sorciers ont la particularité de se transformer en animal (rat, souris, crapaud…) et/ou d’utiliser ces bestioles comme familiers et que, par conséquent, les chats sont donc protecteurs contre ces mêmes sorciers.

Enfin, j’ai mentionné que le chat est l’animal de la déesse Freya (Déesse du sexe et de la guerre); deux de ces animaux lui sont offert par Thor (Dieu de la Foudre).  Dans cette optique le chat dans le mur peut être une offrande votive qui protège la maison des maléfices ET de la foudre.

          Couteaux : les couteaux sont en fer qui est un métal apotropaïque, à ne pas assimiler à l’argent, métal lunaire – donc d’Hécate, qui ne peut être ensorcelé.

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15/04/14