Objets Pliés

On trouve régulièrement dans des tombes antiques, des objets (armes, aiguilles, outils) pliés rituellement.

Certains émettent l’hypothèse que ces objets sont détruits pour décourager les voleurs de s’en emparer.

Une autre explication, à laquelle nous adhérons plus volontiers, est que ces objets sont tués rituellement pour passer dans le monde des morts. Le défunt retrouve donc les instruments qui lui sont familiers dans l’au-delà.

aiguilles provenant d’une tombe viking (vers 930 CE)

 

contenu d’une Witch Bottle (XVIe siècle CE)

 

Les objets peuvent également être détruits lorsqu’ils servent d’offrandes aux divinités ou sont utilisés comme contre-sort dans des « witch bottles ».

Bague romaine servant d’offrande  (Ve siècle CE)

Une des rares mentions de ce concept se retrouve chez Hérodote.

HÉRODOTE – Ἡροδότου Μοῦσαι

LIVRE V. TERPSICHORE. – Ἱστοριῶν πέμπτη ἐπιγραφομένη Τερψιχόρη

Trad. du grec par Larcher ; avec des notes de Bochard, Wesseling, Scaliger.. [et al.] Paris : Charpentier, 1850.

92 : …Périandre, comprenant le sens de cette action, et persuadé que Thrasybule lui conseillait de faire mourir les citoyens les plus élevés, se porta, dès ce moment, à toutes sortes de méchancetés envers ses concitoyens. Il exila et fit mourir ceux qu’avait épargnés Cypsélus, et acheva ce que celui-ci avait commencé. Il fit aussi en un même jour dépouiller de leurs habits toutes les femmes de Corinthe, à l’occasion de Mélisse, sa femme. Il avait envoyé consulter l’oracle des morts sur les bords de l’Achéron, dans le pays des Thesprotiens, au sujet d’un dépôt qu’avait laissé un étranger. Mélisse, étant apparue, répondit qu’elle ne dirait ni n’indiquerait où était ce dépôt, parce qu’étant nue, elle avait froid ; les habits qu’on avait enterrés avec elle ne lui servant de rien, puisqu’on ne les avait pas brûlés. Et, pour prouver la vérité de ce qu’elle avançait, elle ajouta que Périandre avait déposé dans le sein de la mort le germe de la vie.

Cette preuve parut d’autant plus certaine à Périandre, qu’il avait joui de sa femme après sa mort. Ses envoyés ne lui eurent pas plutôt fait part, à leur retour, de la réponse de Mélisse, qu’il fit publier par un héraut que toutes les femmes de Corinthe eussent à s’assembler dans le temple de Junon. Elles s’y rendirent comme à une fête, avec leurs plus riches parures ; mais, les femmes libres comme les suivantes, il les fit toutes dépouiller par ses gardes, qu’il avait apostés dans ce dessein. On porta ensuite par son ordre tous ces habits dans une fosse, où on les brûla, après qu’il eut adressé ses prières à Mélisse. Cela fait, l’ombre de Mélisse indiqua à celui qu’il avait envoyé pour la seconde fois le lieu où elle avait mis le dépôt.

épée germano-celte IVe siècle BCE

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24/02/23