24/11/19
There is an old tale goes, that Herne the Hunter
(sometime a keeper here in Windsor Forest)
Doth all the winter-time, at still midnight
Walk round about an oak, with great ragg’d horns;
And there he blasts the tree, and takes the cattle,
And makes milch-kine yield blood, and shakes a chain
In a most hideous and dreadful manner.
You have heard of such a spirit, and well you know
The superstitious idle-headed eld
Receiv’d, and did deliver to our age
This tale of Herne the Hunter for a truth.
— William Shakespeare, The Merry Wives of Windsor, Act 4, scene 4
( Une vieille tradition raconte que Herne le chasseur, autrefois l’un des gardes de la forêt de Windsor, revient pendant l’hiver, à l’heure de minuit ; le front surmonté de grandes cornes de cerf, il se promène autour d’un chêne ; sa présence, dit-on, flétrit les arbres, jette un charme sur les troupeaux, transforme en sang le lait des vaches ; il secoue une chaîne avec un bruit terrible. Vous devez avoir entendu parler de ce fantôme, et vous savez que les vieillards superstitieux ont recueilli et nous ont transmis comme vraie cette histoire de Herne le chasseur.
PAGE. À telles enseignes qu’il y a encore beaucoup de gens qui ne s’aventureraient point la nuit à passer dans le voisinage de ce chêne de Herne. Mais où voulez-vous en venir ?)
William Shakespeare Les Joyeuses Commères de Windsor acte IV scène 4.
C’est dans la pièce de William Shakespeare The Merry Wives of Windsor (Les Joyeuses Commères de Windsor – 1597) qu’apparaît pour la première fois une mention de Herne le Chasseur. Les légendes diffèrent les unes par rapport aux autres, mais globalement racontent que Herne le Chasseur ayant commis un acte dont il avait honte, se pendit à un chêne de la forêt de Windsor. Pour certains, il sauva la vie du roi Henry II en se sacrifiant devant la charge d’un cerf, mais fut ensuite ramené à la vie en se voyant greffer les bois dudit animal.
Pour d’autres, il fut accusé injustement et se pendit.
Quoiqu’il en soit, il se peut que l’origine du mythe se trouve dans les échos de légendes anciennes à propos de divinités “païennes” et/ou de la Chasse Sauvage. Auquel cas, Herne pourrait être associé à Odin/Wotan lui-même.
Pour ancrer le mythe dans la réalité, un chêne de la forêt de Windsor fut “identifié” comme le chêne de Herne. On raconte que vers minuit, les nuits d’hiver, le fantôme de Herne apparaît, effraye le bétail, secoue les arbres et poursuit ceux qui l’aperçoivent. Il annonce parfois des catastrophes pour l’Angleterre.
Cet arbre fut foudroyé le 31 août 1863. Le reine Victoria offrit des morceaux à plusieurs proches pour en faire divers objets: coffret, tabatière et… pipe.
Le visage sur cette pipe est censé représenter William Shakespeare lui-même, elle fut taillée par le sculpteur William Perry en 1864 dans un fragment de bois remis par M.Ingram des Royal Gardens de Windsor.
(Note de William Perry dans la couverture en bois de son livre sur le chêne: A TREATISE ON THE IDENTITY OF HERNE’S OAK SHEWING THE MAIDEN TREE TO HAVE BEEN THE REAL ONE)
Note: Il nous semble intéressant de comparer le mythe d’Herne le chasseur à celui d’Actéon. Actéon, redoutable chasseur, aperçu la déesse Diane au bain. Il ne détourna pas les yeux devant sa nudité. Pour le punir, la déesse lui jeta de l’eau de la source où elle se baignait et le transforma en cerf. Les chiens d’Actéon ne reconnaissant plus leur maître, le dévorèrent. Nous avons dans les deux cas un chasseur expérimenté transformé en cerf puis tué. Le chêne rappelle l’arbre de Jupiter/Zeus que l’on retrouve dans un sanctuaire dédié à Diane dans le bois d’Aricie.
Détail amusant, cette pipe fut la possession d’un Fairy doctor, ce qui semble logique lorsqu’on sait que dans la pièce de Shakespeare, Falstaff se fait attaquer par des garnements déguisés en mauvaises “fairies“.
Liens vers d’autres sculptures dans le même bois par William Perry
24/11/19