Dragon Balls

Tout commence avec la découverte d’une magnifique petite statuette de divinité japonaise en bois, période Edo, XVIIIe siècle. Le genre de Bouddha que l’on place dans un zushi, un kamidana – autel portatif de voyage. S’il n’y a pas de doute sur l’origine ni l’époque de l’objet, par contre, je n’arrive pas à déterminer précisément de quel bouddha/Kami il s’agit.
Il possède une sorte d’auréole avec 7 balles ( 6 dans un cycle et la septième en dehors).

Tout en examinant cette statuette, je ne sais pas trop comment ni où
commencer à chercher des informations (j’essaye sans succès, la recherche par images), – je marmonne presque machinalement “mais qui es-tu?” – lorsque  j’ai l’impression de voir une ombre entrer dans la bibliothèque. Or je sais que mon épouse se trouve dans le salon, un étage plus bas et qu’il n’y a personne d’autre au Surnatéum. J’allume la lampe, il n’y a absolument personne dans la pièce.
Je me dis que j’ai rêvé et que je suis resté trop longtemps fixé à mon écran d’ordinateur. Je commence à avoir des visions. Lorsque mes yeux s’arrêtent sur un petit meuble à tiroirs et l’un d’entre eux est ouvert. Or je suis un maniaque qui ferme toujours ses tiroirs.  Je regarde à l’intérieur, un petit sac attire mon regard. Je l’ouvre, 7 petites boules d’ambre contenant des sortes de paillettes ou étoiles en sortent.
Et là, un déclic se fait.
On croit rêver. Les dieux ont parfois de l’humour et je perçois un clin d’œil de la” divinité” qui me donne une piste inattendue.
J’installe donc au Surnatéum une sorte de “petit autel” à mon nouvel invité que je surnomme déjà Kami Sama.* (voir Sangoku et les 7 Dragon balls).
En quelques minutes, je trouve tous les éléments pour composer mon ensemble, il ne manquait finalement que la pièce maîtresse pour assembler le tableau.
Mais ma surprise ne s’arrête pas là. J’ai mis le doigt sur quelque chose de plus intéressant qu’une simple coïncidence et une porte inattendue s’ouvre…
Et on dit bonjour à Shenron, le dragon ainsi qu’à Kame no Sennin, l’immortel taoïste à la tortue qui viennent prendre place à côté du boddhisattva. Kirin ne tarde pas à les rejoindre. Et même Oolong se trouve déjà dans mes réserves. Quant au dieu Singe, Sun Wukong/Hanuman,  il se trouve depuis toujours au Surnatéum.

*Note: il s’agit en réalité de Jizô Bosatsu (ou bodhisattva Kşhitigarbha), une des divinités les plus appréciées au Japon. Son “auréole” correspond au six mondes dans lesquels l’âme peut se réincarner, le Samsâra, la septième boule, quant à elle, échappe au cycle des réincarnations.
Ce boddhisattva protège les voyageurs et les défunts dans leur trajet vers la réincarnation. Il s’est juré de vider les enfers (Naraka) avant d’atteindre l’état de Bouddha. Il aide particulièrement les âmes des enfants et les protège des maléfices des démons et fantômes malfaisants.
Toutefois, les liens entre Jizô et Sangoku sont bien plus complexes qu’il paraît à première vue. On dirait même que le manga Sangoku dérive d’ anciens contes chinois liés au dieu Sun Wukong, le dieu Singe. Jizô Bosatsu inspire donc Kami Sama, le créateur des 7 Dragon Balls. Il tient dans sa main une pierre Chintamani, ou perle qui réalise les vœux.
Pêche d’immortalité de Xi Wangmu
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kshitigarbha

Selon le bouddhisme, il existe six destinées, dans lesquelles tournent les êtres pris dans le samsâra, le cycle des réincarnations. Du monde supérieur au monde inférieur, nous avons 1) les dieux (sk. deva) ; 2) les êtres humains ou état humain (sk. manuṣya) ; 3) les asuras (sk. asura, sorte d’êtres célestes jaloux, querelleurs et belliqueux) ; 4) les animaux (sk. tiryagyoni (en)) ; 5) les esprits errants ou avides (sk. preta). 6, les êtres infernaux ou démoniaques (sk. narakastha). (Wikipédia)

Kshitigarbha dans le bouddhisme tantrique

Sans occuper une place particulièrement prééminente comme en Chine ou au Japon, Kshitigarba a sa place dans le bouddhisme tantrique comme bodhisattva de la lignée de Ratnasambhava dont il prend souvent la couleur jaune. Il tient dans sa main gauche la perle à souhait (sk. cintāmaņi, ch. Rúyìbǎozhū 如意寶珠) qui exauce les vœux. Il forme parfois un couple avec Akasagarbha, « matrice de l’espace », du fait de leurs noms complémentaires. (Wikipédia)

  • le Jizō du royaume des asuras porte le triple joyau (cintamani)
  • Entre ce joyau qui exauce les vœux et les 7 dragon balls qui ont la même fonction, la ressemblance est évidente. En fait, mon souhait de deviner qui est le Boddhisattva vient de se réaliser.

Enfin, pour résumer sommairement:

Dragon Balls est un manga d’Akira Toriyama (1984) fortement dérivé du conte traditionnel La Pérégrination vers l’Ouest – Xī Yóu Jì (西游记) ou Saiyūki au Japon. Dans le conte original, Tang Sanzang est le héros central du voyage. Il est à la recherche des textes sacrés de Bouddha. Trop faible et innocent, il sera la cible de démons qui veulent le dévorer, mais quelques personnages vont l’aider et le protéger.

Sangoku est Sun Wukong (le dieu Singe), mais il possède certains aspects de Tang Sanzang, en particulier son innocence.

Kami Sama est Jizô Botatsu/ Kşhitigarbha/ ou Tang Sanzang lui-même.

Tortue Géniale se calque sur Kamé Sennin/Kume no Sennin (mais dans le conte original, il s’associe à Wujing l’ogre)

Shenron le Dragon est Longwang Sanjun, dans sa légende il détruit accidentellement une perle offerte par l’Empereur de Jade et est puni pour cette raison).

Krillin, l’ami de Sangoku, est Sha Wujing

Oolong le cochon est Zhu Bajie (le cochon – sanglier) etc

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01/02/25