l’Os de Crapaud

Pot de marmelade « James Keiller & sons, Dundee » contenant les restes momifiés d’un crapaud en partie dévoré par les fourmis. Trouvé en Angleterre (près de Great Yarmouth, East Anglia). Le pot est surmonté d’un couvercle fait à partir d’une calotte crânienne humaine. (Fin XIXe siècle)

La magie liée aux crapauds et grenouilles est très ancienne, le premier texte qui l’évoque se trouve dans l’ouvrage de Pline l’Ancien, Naturalis Historia.

Le crapaud est lié à Hécate, déesse de la sorcellerie.

En 1584, Reginald Scot évoque un rituel de manière plus précise dans Discoverie of Witchcraft, ouvrage des plus connus par les illusionnistes car il est également considéré comme un des premiers livres contenant l’explication de tours de prestidigitation.

‘A frog’s bones, the flesh being eaten off round about with ants, whereof some will swim, and some will sinke: those that sinke, being hanged up in a white linnen cloth, ingender love, but if a man be touched therewith, hate is bred thereby.

Les os d’une grenouille, dont la chair est mangée tout autour par des fourmis, dont les uns surnagent, et les autres coulent : ceux qui coulent, étant suspendus dans une nappe de lin blanc, engendrent l’amour, mais si un homme en est touché, la haine en est engendrée. (sic)

La société secrète anglaise « The Horseman’s Word » (comme celle des Toadmen d’East Anglia et des laboureurs – society of ploughmen) résume le rituel de manière très simple :

Le rituel de l’os de crapaud était assez simple : prenez un crapaud calamite (Natterjack Toad) et placez-le dans un pot en cuivre avec des trous, puis enterrez-le dans une fourmilière assez longtemps pour permettre aux fourmis de nettoyer la chair du crapaud. Le squelette qui en résulte est ensuite, après quelques nettoyages, jeté dans un ruisseau, et l’os qui remonte le courant) est identifié comme l’os du crapaud.

Cet os magique permet de contrôler les animaux et, en particulier, les chevaux. On retrouve d’ailleurs le sort « d’arrêter la course des vifs chevaux » dans les accusations de sorcellerie du XVIe et XVIIe siècles.

Petite Charrue en bronze (XIXe siècle), offerte par un membre de la “Society of Ploughmen”.

Dans une société où le cheval est un bien précieux, autant pour tirer des charges, labourer des champs, transporter des passagers,  il est normal qu’il soit parfaitement traité. La magie de l’os du crapaud a donc un sens bien plus profond qu’il paraît au premier abord.

Charles Godfrey Leland mentionne le même rituel magique dans son ouvrage “Gypsy Sorcery and Fortune Telling“, p. 26 (University Books, New York 1962)

Dans notre cas précis, le crapaud fut simplement enfermé dans un pot de marmelade dont le couvercle, pas totalement étanche, laissait passer les fourmis, mais sans obtenir le nettoyage parfait des chairs de la bestiole. Il semble que le stress provoqué chez le crapaud, lui a fait libérer de la bufotoxine, un poison qui imprègne les parois internes du pot.

[Un toadman ou un homme-crapaud est quelqu’un, dans le folklore des marais d’East Anglia et du Lincolnshire, qui a fait un pacte avec le diable qui lui donne le contrôle des chevaux. Les histoires de toadmen semblent avoir été répandues dans la région pendant la période de l’entre-deux-guerres, de 1918 à 1938. La cérémonie d’initiation, avec certaines variations régionales, impliquait que l’initié attrape un crapaud mâle, le pende à un buisson épineux ou l’attache à une fourmilière jusqu’à ce que ses os aient été nettoyés, puis porte les os sur lui jusqu’à ce qu’ils soient secs. Les os étaient ensuite jetés dans un ruisseau courant à la pleine lune de minuit et tous, sauf un, étaient emportés en aval. Le petit os en forme de fourche restant, une fois récupéré, accorderait à son détenteur, par des moyens non spécifiés, un contrôle psychique sur les chevaux (et les femmes).] (Traduit de wikipédia)

https://en.wikipedia.org/wiki/Toadman

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11/07/24