La Sorcière de Coney Island

Inv.SAH/cw-72521

Ensemble « d’outils » de Carnie Psychic

Récolté en 1972 à Coney Island New York (USA)

Description :

Jeu de Tarot de « Carnie » (Arcanes Majeurs), carnet à oracles « Witches Almanac » daté de 1938, un Birthday Fortune Teller book de 1935, 22 tickets de diverses attractions (période entre deux guerres), photos personnelles du Conservateur et sa famille en 1972 à Coney Island, pièce de 25 cent us argent, médaille (d’Illuminati ?), diverses cartes postales (période 1930-40), exemplaire de 1960 du marabout Flash « je parle Anglais ».…

Cinq Arcanes étranges sont coincés dans la couverture interne du carnet ainsi que la photo d’un nain.

Témoignage du Conservateur.

C’est en juillet/août 1972 que mes parents m’emmenèrent pour la première fois aux USA. J’avais 15 ans et un couple d’amis nous accompagnait pour ces vacances. Bien entendu, j’étais excité à l’idée d’un tel voyage dans le Nord-est de l’Amérique, et me préparais à découvrir un nouveau monde. Même si le voyage indirect par l’Islande me semblait un brin longuet…

C’était aussi l’occasion ou jamais d’exercer mon anglais scolaire ! Au cas où je ne m’en sortirais pas, je gardais en poche un petit “Marabout Flash” contenant les expression courantes…

Vous imaginez que c’était l’aventure. Je garde encore des souvenirs aussi frais que s’ils dataient d’hier : le croisement d’un ours en balade en pleine nuit sur une route des Appalaches en revenant d’un jamborée, une scène de duel à la OK Corral dans un petit village touristique, la Statue de la Liberté, la montée de l’Empire State Building, une indigestion carabinée de pop corn au beurre dans un cinéma Drive-in pour bagnoles…

Mais le plus curieux de tous les souvenirs reste lié à Coney Island. Récemment, en vidant des caisses du grenier de la maison parentale j’ai retrouvé une vieille boîte et quelques objets.

Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs…

C’était le 28 juillet, un vendredi (le jour de Frigg/Freya – les sorcières), les derniers jours de vacances. Mon père avait eu un rendez-vous le matin à New York, pour affaires.

Nous avions décidé de passer le reste de la journée à Coney Island, l’île « parc d’attraction » de New York. Mes parents, soucieux de ne pas me perdre dans la foule, ne me quittaient pas des yeux, mais à 15 ans, ça peut sembler un peu désagréable. Aussi, prétextant l’envie d’aller acheter un hot dog, je les quittais en leur donnant rendez-vous au pied de la Grande Roue (Wonder Wheel). Après tout, avec mon t-shirt blanc au logo de mon club de judo, j’étais repérable de loin. Il était 14 h et je devais être de retour dans les 30 minutes. No Problemo ! J’adorais déjà cette atmosphère de forains prêts à toutes les arnaques pour récupérer LEURS dollars qui dormaient encore au fond de MA poche…

 

C’est en cherchant une baraque à hot-dogs que je vis la femme. Apparemment âgée d’une petite quarantaine d’années, il émanait d’elle un charme passé, et j’avais déjà eu l’impression de la croiser… en rêve peut-être. Elle occupait un petit espace très tape à l’œil mentionnant « Madame Zora : Temple of Palmistry – Only woman-controlled concession – Sciences of astronomy, astrology, and thought transmission – 25 cents ». Mais ses vêtements donnaient l’impression de dater des années 30 et elle portait, outre de nombreuses bagues, un petit pendentif représentant une sorte d’œil ésotérique dans une pyramide.  Décelant mon intérêt, elle me fit signe d’approcher. Elle s’adressa à moi en français, avec un petit accent de Louisiane : « Vous n’êtes pas d’ici, ça se voit. Vous venez d’Europe, de France ou de Belgique…»

Bingo ! Mon air de touriste devait se repérer à des kilomètres. Vu le logo du T-shirt, je m’attendais à ce qu’elle ajoute que je pratiquais un sport brutal…

Je lui dis que je n’étais pas intéressé par les cartomanciennes et que je n’avais pas énormément d’argent à dépenser. Seulement un quart de dollar que je gardais pour mon hot-dog…

Elle eu un petit sourire en coin. « 25 cent, ce n’est pas une fortune et si ce que je vous dit ne correspond à rien, je vous rembourse.  Parole de Carnie.» Je lui donnai mon quarter.

Elle prit ma main et eu un choc ! Son expression changea instantanément. « Vous êtes des nôtres !  Je l’avais senti. Asseyez-vous. Mon carnet me l’avait dit ce matin, vous êtes venu dans un groupe de cinq personnes, 3 hommes et deux femmes…» Elle ouvrit une vieille boîte  dans laquelle se trouvait un jeu de tarot emballé dans une dentelle noire. Elle mélangea les cartes et me demanda d’en choisir trois. Le Mat (Fou), le Magicien et la Roue de Fortune furent placés sur la table.

« Vous pensez que votre avenir est dans le sport, mais vous vous trompez. Vous rencontrerez un Magicien, un Collectionneur d’objets étonnants qui marquera votre existence, bien plus que vous ne l’imaginez. Il vous fera franchir la frontière entre le monde des mondains et celui des Prodiges. Le Roue de Fortune indique les renversement des valeurs et réalités auquel vous croyez, mais le voile des Illusions se déchirera bientôt. Et la Roue de Fortune elle-même jouera un rôle dans un avenir proche !» Les trois cartes indiquèrent une maxime dans le livre qui accompagnait les cartes. « Tap into the Powers of your Imagination. Inspiration is close by. Connect to your spirit element. An Ivory charm wards off sadness » (Plonge dans les pouvoirs de ton Imagination. L’Inspiration est proche. Connecte-toi à ton élément spirituel. Un charme d’ivoire éloigne la tristesse.)

« Pour te montrer que tu es des nôtres, je te donne mon talisman. » ajouta-t-elle en retirant sa médaille. « Montre la aux autres forains et tu auras accès à toutes les attractions pour rien… »

 

Je ne me souviens plus très bien de ce qui s’est passé ensuite…

Deux “cops” m’ont abordé en me demandant si je m’appelais Christian Chelman. Mes parents étaient fous d’inquiétude car j’avais disparu depuis cinq heures… Je leur dit que ce n’était pas possible, je les avais quitté il y avait 15 minutes tout au plus…

Les policiers n’avaient pas du tout l’air de me croire.

Dans les mains je tenais une boite:  le Carnie Tarot, la médaille très oxydée et l’Almanach s’y trouvaient, avec d’autres objets. Je regardais ma montre, il était 19h12…

Détail amusant, j’ai toujours cette montre Seiko.

Quand je leur racontai ce que j’avais fait, le plus jeune me dit qu’il n’y avait aucune Madame Zora à Coney Island, et ça faisait cinq ans qu’il s’y trouvait. Les voyantes n’avaient pas trop bonne presse…

Mais le plus vieux gardien, l’air interloqué remarqua qu’il y avait eu une Madame Zora près du Luna Park dans les années 1930-40. Lors du terrible incendie du samedi 12 août 1944, qui avait détruit la moitié du Luna Park, sa bicoque avait disparu dans les flammes, et personne n’avait plus entendu parler d’elle. On pensait qu’elle était retournée dans le sud. Les gens la considérait comme une diseuse de bonne aventure de premier ordre, et l’on chuchotait qu’elle avait du faire un pacte avec le diable pour obtenir de tels pouvoirs. Ragots de Carnies… Je leur montrai les objets que je tenais en main, et ils eurent un mouvement de recul. Les légendes ont la peau tenace à Coney Island. En fouillant dans mes poches, je les trouvais remplies de tickets d’attraction pour le Park, mais des tickets anciens, pour des attractions d’avant-guerre. Il y a avait aussi le quarter que m’avait rendu la voyante, à sa place trônait un token de 25 cent, du restaurant Feltman’s de Coney Island. Un restaurant qui avait fermé ses portes dans les années ’40.

On a suggéré que le soleil avait tapé un peu fort sur ma tête, et que j’avais du trouver la boîte quelque part. J’ai fini par accepter cette version des faits, mais un indice dément toutefois cette version…

Je retrouvai mes parents morts d’inquiétude au pied le la Grande Roue. Celle de la Fortune ?

 

Addenda :

Le tarot et l’almanach n’ont jamais menti. Les sceptiques plaisantent à ce propos, mais leur sourire ne dure pas très longtemps. Il y a une page de laquelle émerge un marque-page. Quand je leur demande de tirer trois cartes, la Lune, le Diable et la Roue de Fortune apparaissent. Dans le marque page se trouvent coincés deux tickets anciens pour des attractions : le Luna Park et le Devil’s Ride. A côté desquels traîne une carte postale de Coney Island représentant la Roue…

Ceux qui le méritent se voient offrir une maxime. Certains en tiennent compte, d’autres pas. Mais elles disent toujours la vérité.

Mon père a profité de ce voyage pour rencontrer Stuart Kaplan, le célèbre collectionneur de tarots. A l’époque, il m’avait demandé si je connaissais le tarot. Mais je lui ai répondu que j’étais plutôt fan de James Bond. Il a souri…

L’année suivante, j’ai reçu par la poste un exemplaire du Tarot James Bond (Tarot of the Witches) de Fergus Hall, avec les compliments de Kaplan. Je l’ai testé avec l’almanach et les deux « se parlent » bien.

Comme quoi !

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13/08/13