03/02/16
(Sirène des Fiji)
« Le Capitaine Cumming, R.N., de Braidwood Terrace, Plymouth, de retour de Yokohama, a ramené avec lui un grand nombre de curiosités. Parmi celles-ci, une sirène. La tête est celle d’un petit singe avec un toupet laineux blanc sur la tête et des poils sur la partie supérieure du corps, des longs bras terminés par des griffes… La partie inférieure est celle d’un poisson fixée de manière tellement parfaite qu’il est difficile de dire où commence le singe et se termine le poisson… » (Curiosités d’histoire naturelle de Francis Trevelyan Buckland dans une lettre de 1866.)
Au Japon, les Ningyo (sirènes/homme-poisson) font partie de la famille des Yokai (Fantômes/Monstres/choses étranges) et sont formées d’un torse de singe et d’une queue de poisson, souvent une carpe. Elles sont réputées posséder des pouvoirs magiques : capturées, elles peuvent déclencher des tempêtes, échouées, elles causent des conflits et des guerres. Toutefois, si vous en mangez la chair, elles vous rendront quasiment immortel. Elles pleurent également des larmes en perle.
Certains leur attribuent des dons de prémonition. Posséder un(e) ningyo vous protège des épidémies (quoique ce mythe se rapporte plutôt à amabie, une autre sirène)..
Une jeune fille de 15 ans qui en avait mangé un morceau, ne vieillit plus et vécu jusqu’à 800 ans. On l’appela Happyaku Bikuni ou Yao Bikuni (la nonne de 800 ans).
Le sanctuaire de Ryuguji à Fukukoa au Japon conserve les ossements supposés d’une de ces créature depuis le XIIIe siècle. Parfois ces reliques baignaient dans de l’eau qui finissait par avoir des propriétés curatives.
On en trouve également une dans un sanctuaire shinto à Asakuchi, une autre à Osaka (Temple Zuiryuji ), une au Temple Myouchi à Kashiwazaki dans la préfecture de Niigata, une au Temple Karukayado à Hashimoto (Wakayama) et une conservée dans un sanctuaire shinto à Fujinomiya (au pied du Mont Fuji).
Parce qu’il est plus facile d’en fabriquer que d’en pêcher, de nombreux artistes en en fait de très beaux modèles. Au XIXème siècle, les marins japonais en vendaient aux voyageurs de passage. Certains temples bouddhistes ou shintoïstes en conservent précieusement. Après tout, lorsqu’un kami “habite” dans la ningyo, peu importe qu’elle soit “réelle” ou “fabriquée”. En tant que ningyo, elle est.
Vers 1842, Phineas T.Barnum en présentait une sous la dénomination de « Feejee Mermaid » dans son cabinet de curiosité.
Les documents et objets d’un kannushi (prêtre shinto) qui accompagnent la nôtre. (Le texte n’a rien à voir avec la ningyo.)
Note: cette ningyo dans son bocal fut exposée, avec 13 autres objets du Surnatéum, à l’exposition “Persona” au musée Jacques Chirac au quai Branly en 2016.
03/02/16